Résumé
Le cinéaste Gilles Thomat s’intéresse depuis bien longtemps aux ateliers dans lesquels travaillent les artistes. Ici, il filme les gestes du peintre Patrick Pavan et l’élaboration d’un triptyque réalisé en 2024.
Avis
Le film commence par un plan fixe de l’œuvre, un triptyque intitulé "L’homme pudique" et montrant un homme nu assis sur une chaise dans trois positions, de profil, de trois quart et de face. S’il existe un genre littéraire ou cinématographique criminel appelé le whodunit (qui l’a fait ?) on assiste, avec Gilles Thomat, à ce que l’on pourrait appeler un « howdunit » c’est à dire comment cela a t-il été fait ? Et c’est ce à quoi nous allons assister durant les 10 minutes que dure le film. Ici, l’atelier ressemble à un hangar ou un garage et les gestes du peintre à ceux d’un ouvrier du bâtiment ou d’un artisan, renforcé encore par le point de vue du cinéaste insistant sur les murs en parpaings, les fissures du sol, la rouille des escaliers. Il y a quelque chose de terriblement joyeux voire de rassurant à observer les gestes associés de manière clichée à la masculinité produire une œuvre d’art d’une grande douceur. Il y a aussi quelque chose d’émouvant à revoir l’œuvre une seconde fois, après avoir assisté à toutes les étapes de sa réalisation, rendant visible l'invisible.