Résumé
Danser dans la rue de la ville semble ici faire le lien entre la révolte qui gronde et la joie des corps en fête. Car les fêtes populaires ne sont jamais très loin des révoltes.
Avis
Les villes bombardées gardent, en leurs murs, les traces de la défaite. Johan, hanté par ses souvenirs, revient dans le quartier de son enfance à Marseille. Là, son jeune amant lui propose une nouvelle forme de lutte : danser dehors. Danser, c’est ce qu’il faut faire... Le film de Laurence Rebouillon est un précipité éruptif de mouvements et de paroles qui empruntent leur intensité aux manifestations citoyennes et aux fêtes de rue. Une tentative belle et sauvage de dire quelque chose de notre situation contemporaine, d’inscrire dans les corps un "état d’urgence", l’urgence de se réapproprier l’espace public pour faire naître du vivant. Le film nous prend dans son mouvement, nous entraîne, nous enveloppe à la fois dans la musique, les mots et l’image en super 8. Il passe avec liberté de la couleur au noir et blanc avec ce grain qui renvoie au grain de la peau. Danser, c’est défendre sa fragilité et révéler sa force. Danser c’est habiter des espaces inattendus, invisibles. Danser c’est un acte politique, c’est être ensemble, bref c’est s’aimer et rester vivant.