Lieu : Mardis de l’Art (La Vénerie)
Rue Gratès 3 – 1170 Watermael-Boitsfort
Kinshasha Beta Mbonda
Serendipity
Rien ne s’efface
Être Jérôme Bel
Terres Barcelo
Un film de Christian Tran (2018, 75′)
En 2016, deux institutions parisiennes, le musée Picasso et la Bibliothèque nationale de France (BNF), ont offert à l’artiste espagnol contemporain Miquel Barceló un terrain de jeu à sa mesure ou plus exactement à sa démesure.
Le Musée Picasso lui a proposé son sous-sol dans lequel l’artiste a décidé d’ériger un mur intitulé « le grand mur de têtes », une grande construction tenue par un torchis archaïque qui se veut comme une suite d’autoportraits. Une œuvre pleine de trous, qui laisse passer l’air et la lumière et aspire à une certaine forme de légèreté. À la BNF, l’artiste a investi les parois vitrées de plus de 1000 m² et exécute une fresque éphémère tracée avec les doigts et des outils primitifs dans de l’argile mouillée. Émerge alors tout un monde de terre et de lumière peuplé du motif animal, saisi par une puissante force organique.
Le réalisateur Christian Tran a passé de longs moments auprès de l’artiste au travail, captant en même temps que ses gestes fascinants, des propos à la fois lumineux et érudits sur l’art en général… ce qui ne l’empêche nullement d’écouter des matchs de foot lorsqu’il travaille. Outre le processus créatif de ces deux œuvres monumentales, le film nous offre également l’opportunité de visiter, toujours aux côtés de l’artiste, la cathédrale de Palma de Majorque dans laquelle Miquel Barceló a érigé, entre 2001 et 2006, 300 m² de céramiques en relief, représentant la parabole de la multiplication des pains et des poissons et qui a créée la polémique. Mais c’est surtout la descente dans la grotte Chauvet et les commentaires de l’artiste sur les dessins pariétaux qui constitue le point d’orgue du documentaire et que nous éclaire de façon spectaculaire sur son travail. Gratter, griffer, creuser, triturer, tracer, tout le travail de Barceló tient à la fois de l’art brut, du rituel, de la transe païenne ou sacrée. Et en revenant sans cesse sur deux de ses performances (Paso Doble à Avignon et L’image fantôme à Salamanque) Christian Tran instaure aussi à sa manière une sorte de rituel, un ballet autour d’un artiste hors norme.
Akeji, le souffle de la montagne
Un film de Mélanie Schaan et Corentin Leconte (2020, 72′)
Dans la vallée d’Himuro, au Japon, se niche un ermitage au toit d’herbe. Saison après saison, Maître Akeji et sa femme Asako vivent entourés de la nature, des esprits, du souffle du vent et de l’inspriration.
Maître Akeji et Asako habitent à Himuro, un hameau reculé accroché aux flancs du Kurama Yama, dans un ancien refuge forestier où les bûcherons venaient autrefois s’abriter. Ensemble depuis ce qui semble une eternité, ils mènent une vie retirée et presque totalement autarcique. Pourtant, Maître Akeji est un calligraphe avant-gardiste reconnu dans le monde entier. Issu d’une lignée de samouraï, il est un initié de la « voie du pinceau » et du Zen. Avec une délicatesse infinie, les cinéastes suivent cette vie simple au fil des saisons. Cueillir des baies et des écorces, élaborer des pigments, préparer la cérémonie du thé, observer le vent, pratiquer des exercices de sabre. Les calligraphies que l’on ne fait qu’apercevoir dans le film et qui pourraient paraître secondaires sont en fait le reflet exact ou mieux encore le résultat de chacun des gestes posés dans le quotidien. Et tout devient alors sacré, comme suspendu par un souffle d’une poésie rare dans laquelle se réinvente un rapport à l’espace, au temps, à l’ombre et au vide.
Phèdre ou l’explosion des corps confinés
Un film de Méryl Fortnuat Rossi (2021, 67′)
Faire, défaire, refaire, c’est le travail normal des comédiens et comédiennes. Mais lorsqu’une maladie invisible vient détruire sans cesse le travail, comment continuer à créer ensemble ? Et pourquoi ?
Ils sont comédiens et comédiennes, danseurs, danseuses et chorégraphes, elle est metteuse en scène. Dans une salle de répétition, ces artistes travaillent sur la tragédie Phèdre, écrite par Jean Racine en 1677, et qui devrait être montrée au Théâtre des Martyrs, à Bruxelles. Sauf que… nous sommes en mars 2021. Ils sont comédiens et comédiennes, danseurs, danseuses et chorégraphe, elle est metteuse en scène. Ensemble, ces artistes essaient de monter Phèdre, une pièce sur un mal invisible… Au gré des confinements, déconfinements, ouverture, annulation, espoir, avis divergents, les artistes aux nerfs de plus en plus éprouvés se retrouvent ensemble autour d’un projet qui, peu à peu, semble leur échapper. Dans un monde qui, déjà, a perdu ses couleurs, il va être question de mettre en mots, en corps, en espace et en voix, toutes les blessures.
Les femmes préfèrent en rire
Un film de Marie Mandy (2021, 52′)
Le féminisme a‑t-il besoin du rire pour se propager ? C’est ce que pense une nouvelle génération de femmes humoristes. Elles revendiquent, grâce à l’humour, un féminisme salutaire et apaisé, bienvenu après la vague #MeToo. Effrontées et prônant leur féminité, elles parlent d’elles, de leurs combats et de leur vision politique dans l’espoir de faire évoluer les mentalités. Depuis quelques années, les femmes humoristes et les stand-upeuses se bousculent sur les plateaux. Mordantes, insolentes, le regard aiguisé, elles déploient leurs armes de dérision massive. Assumées, et en partie issues de la diversité, elles insufflent un vent nouveau dans le milieu du one(wo)men-show. Elles n’épargnent rien ni personne, et abordent avec une légèreté déjantée des sujets encore tabous. Violences conjugales, sexisme, harcèlement, consentement, rapports sexuels, règles, patriarcat, inceste, port du voile, religion, maternité … Tout y passe. Partant de leur vécu (règle d’or du stand-up : tout doit être vrai – ou presque) elles alimentent une improbable liaison entre féminisme et humour, et inversement.
La Vénerie et le Centre du Film sur l’Art ont décidé de mettre à l’honneur des femmes artistes, devant et derrière la caméra. Cinq réalisatrices talentueuses vont nous emmener à travers leurs films documentaires à la rencontre d’artistes et de personnalités remarquables. Les Mardis de l’Art vous invitent à entrer dans leur univers. Leur objectif commun ? Changer notre regard sur le monde et sur l’art. Leurs armes ? Une caméra (Delphine et Carole, les insoumuses et Marceline, une femme, un siècle), l’humour (Les femmes préfèrent en rire), la métamorphose (The Ballad of Genesis and Lady Jaye) et l’amour du beau (Cezanne).
The Ballad of Genesis and Lady Jaye
Un film de Marie Losier (2011, 68′)
Le documentaire retrace l’histoire hors norme de l’artiste Genesis Breyer P‑Orridge et de sa femme et partenaire artistique, Lady Jaye, qui par amour ont décidé de se fondre en une seule entité. Artiste majeur de l’avant-garde new-yorkaise de ces 30 dernières années, considéré comme l’un des pères de la musique industrielle, Genesis a défié les limites de l’art et de la biologie. En 2000, il débute une série d’opérations afin de ressembler trait pour trait à Lady Jaye, une performance risquée, ambitieuse et subversive. The Ballad of Genesis and Lady Jaye relate cet acte ultime d’amour et de dévotion.
La Vénerie et le Centre du Film sur l’Art ont décidé de mettre à l’honneur des femmes artistes, devant et derrière la caméra. Cinq réalisatrices talentueuses vont nous emmener à travers leurs films documentaires à la rencontre d’artistes et de personnalités remarquables. Les Mardis de l’Art vous invitent à entrer dans leur univers. Leur objectif commun ? Changer notre regard sur le monde et sur l’art. Leurs armes ? Une caméra (Delphine et Carole, les insoumuses et Marceline, une femme, un siècle), l’humour (Les femmes préfèrent en rire), la métamorphose (The Ballad of Genesis and Lady Jaye) et l’amour du beau (Cezanne).